Allocution de Monsieur Jorge Sampaio, Président de la République Portugaise à l'occasion du Congrès fondateur de l'organisation mondiale "Cités et Gouvernements Locaux unis"

Paris
02 de Maio de 2004


Messieurs les présidents
Messieurs les maires
Chers congressistes
Mesdames et messieurs

C’est avec une satisfaction toute particulière que je m’adresse à ce congrès fondateur de la nouvelle organisation “Cités et gouvernements locaux unis”. Je salue tous les participants, en particulier les présidents des organisations qui ont convoqué ce congrès: Mercedes Bresso (présidente de la Fédération mondiale des cités unies), Alan Lloyd (président de l’Union internationale des villes et pouvoirs locaux) et Joan Clos, Président de Metropolis.

Faisant preuve de persévérance et de vision, plusieurs dirigeants ont jeté les bases de la fusion de ces trois organisations, FMCU, IULA et Metropolis. Je me réjouis d’avoir fait partie de ce groupe fondateur, quand j’étais maire de Lisbonne et président de la FMCU. Parmi les personnalités remarquables qui, à cette époque, se sont également engagées dans ce projet, j’évoquerai notamment Pierre Mauroy, Pasqual Maragall, Jaime Ravinet et Riccardo Triglia.

La nouvelle organisation aura, ainsi, pour mission de doter les autorités locales d’un interlocuteur fort, crédible, responsable devant la communauté internationale et, en particulier, avec les Nations Unies.

Ceci était souhaitable et la trajectoire de la mondialisation de nos sociétés l’exigeait assurément. Ajoutons que les pouvoirs locaux, dans l’exercice concret et quotidien de leurs fonctions, ont accumulé une expérience considérable en matière d’aménagement et de gestion des territoires, de mobilisation et d’application des ressources stratégiques pour le développement. Cette expérience les place, sans aucun doute, comme partenaires fondamentaux dans les pourparlers internationaux. Leur action quotidienne fait d’eux des acteurs privilégiés de la coopération internationale.

L’organisation qui naîtra de ce congrès encouragera et consolidera le fonctionnement en réseau des villes, moyen adéquat de faire face à certains risques sous-jacents à la mondialisation. Parmi ceux-ci, on trouve, comme chacun le sait, le risque de concentration des ressources, du pouvoir de décision, dans des domaines géographiques restreints, au détriment d’autres domaines moins central et plus périphériques.

Or, il s’avère que cette distribution inégale des ressources est doublement pénalisante: la concentration excessive dans des domaines central engendre des gaspillages d’échelle ayant des effets néfastes, notamment du point de vue de l’environnement. D’autre part, du côté des périphéries, il existe certaines difficultés à tirer pleinement parti des ressources existantes, avec de graves répercussions en matière d’égalité des chances pour les populations et les organisations concernées.

Il s’impose, donc, de contrarier, avec détermination et vision stratégique, par le biais du fonctionnement en réseau, une tendance mondiale qui va dans le sens d’un accroissement des asymétries de développement.

Le fonctionnement en réseau permettra également, j’en suis certain, de freiner une autre tendance mondiale, qui est celle de la compétition exacerbée entre villes et régions. Dans une économie caractérisée par la croissante mobilité des facteurs, cette compétition devient parfois féroce et oblige les régions à se disputer toute à sorte ressources. Comme les conditions de compétitivité sont différentes, cette dispute entraîne des gains pour un nombre réduit de villes et des pertes pour un nombre croissant.

Ces considérations justifient, je le crois, que l’on place les valeurs de l’équité territoriale et la justice spatiale au centre de l’agenda politique du dialogue et de la coopération à l’échelle internationale. Les autorités locales jouent un rôle important dans ce dialogue.
La cohésion et l’équité territoriale ne peuvent être atteintes par un seul acteur, mais devront être le résultat d’efforts conjoint d’acteurs très divers, à la fois publics, associatifs et privés. Il s’agit d’un parcours collectif, en vue d’équilibrer la balance actuelle de la distribution spatiale des capacités et des pouvoirs de décision.

Des acteurs organisés en réseau et la coopération internationale représentent, ainsi, les éléments essentiels de ce processus de construction collective d’espaces de concertation d’intérêts sur la base d’une vision spatiale mieux répartie, plus juste et plus solidaire.

Ladies and gentlemen, members of the congress

I am, by background, conviction and involvement, a municipalist. A defender of the potential of local authorities for strengthening territories and, as we now say, an essential component of their governability. The great advantage of municipalism is that it is close to people, but local government must not succumb to the temptation of localism.

There is a political slogan that suits the situation well: act locally, think globally. Here again, globalisation can be thought of as a challenge or, in other words, as an opportunity.

The contemporary city has spread all over the territory and become diffuse. There is more and more commuting, citizens are from where they live and not from where they work, where they spend most of their time. The city boundary has lost its clarity, and been replaced by a wider space of contacts, a diversified flow of goods and people.
The municipality is not an island, but part of an archipelago. Its governability has to take this condition into account, and use it as a stimulus and a horizon.

This means that citizenship is enacted at various levels, and that an authority close to its citizens has to remember that citizens go about their daily business, direct their expectations and make their choices in a territory made up of various places. The local authority must interrelate with other powers, it must be translocal.

In this global context, changes in the city make international platforms of perception and interrelationship, such as the one that is coming into being here today, more necessary. The changes we are experiencing have made reality more complex, so that the terms of reference that we used to understand and also their effects have to be more precise, and the planning and management instruments more demanding. This is why, I repeat, networking becomes so essential.

Members of the congress

I wanted to share with you these two brief considerations about the challenges of globalisation for our cities and local authorities: territorial cohesion and translocal citizenship.

I am convinced that the new organisation that is coming into being today, benefiting from the experience of the three organisations that agreed to merge in order to form it, will bring a positive contribution, through cooperation and coordination between cities and local authorities, towards more equitable development and more open and participatory citizenship.

I wish you all the best.
Bonne chance pour tous.